Lorsque Paris sombre dans le chaos, rester immobile équivaut à prendre un risque mortel. Imaginez : plus d’électricité, plus de secours, plus de nourriture. Dans les rues, l’insécurité grandit à mesure que chacun tente de survivre. Vous êtes dans le 5ᵉ arrondissement avec votre famille. C’est le moment de décider : échapper à la ville.
Ce scénario constitue un manuel de survie crise appliqué. Il détaille pas à pas la stratégie d’exfiltration de Paris en suivant la ligne du RER C vers le Sud-Ouest, jusqu’à la lisière forestière et, au-delà, le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse. Un itinéraire difficile, mais réaliste.
Étape 1 : identifier le risque et décider d’évacuer
Les signes de crise majeure sont clairs :
- absence de secours, hôpitaux saturés,
- coupures d’électricité prolongées,
- rayons vides dans les magasins,
- agressions ou pillages de groupes,
- rumeurs de bombardements ou d’attaques chimiques.
À ce stade, rester dans un appartement parisien équivaut à s’enfermer dans un piège. Plus vous attendez, moins vous avez de chances de sortir.
Vous réunissez votre famille, expliquez la situation et rassemblez votre kit de survie. Chaque minute compte mais ne confondez pas vitesse et précipitation.
Étape 2 : préparer l’équipement
Chaque membre doit avoir son sac individuel, mais les adultes portent l’essentiel. Voici une liste complète pour ce scénario :
Pour chaque personne (adulte et enfant)
- Lampe frontale ou torche + piles de rechange/powerbank
- 3 litres d’eau minimum
- 48 heures de nourriture compacte (4000–5000 kcal)
- Vêtements chauds, imperméables, chaussures solides
- Couverture de survie renforcée
- Petits outils (couteau pliant, briquet, sifflet)
Dans le sac des adultes
- Abri : tarp léger, tente compacte ou bâche renforcée
- Réserves supplémentaires : eau + nourriture pour la famille
- Outils urbains : coupe-boulon, pied-de-biche, lampe puissante
- Outils ruraux : scie pliante, couteau de camp, cordes
- Cuisine : réchaud compact, popote, briquets/firesteel
- Hydratation : filtres portables, pastilles de purification
- Soins : trousse médicale complète (antiseptiques, kit trauma, médicaments de base)
- Cartes : plan du métro/RER, carte topographique Île-de-France, livret de survie personnalisé
En résumé : le kit survie urbain et le kit survie rural doivent être fusionnés dans une approche hybride, car vous traverserez deux environnements radicalement différents.
Étape 3 : rejoindre le RER C (phase critique)
Votre objectif immédiat est d’atteindre l’entrée du RER C. C’est la phase la plus dangereuse : vous êtes encore en surface, donc exposés aux regards et aux violences.
- Agir vite : pas de pauses, pas de discussions.
- Profil bas : sacs discrets, vêtements neutres, aucune ressource visible.
- Plan B : si une entrée est inaccessible (barricadée, occupée, surveillée), ayez un itinéraire alternatif.
Souvenez-vous de l’attitude des foules juste avant le confinement du COVID : tensions pour du papier toilette ou des pâtes. En situation de famine, ces comportements s’amplifient de manière dramatique. Ne donnez aucun signe de richesse ou de ressources.
Étape 4 : progresser dans le souterrain
Une fois dans le tunnel, le temps change de rythme. Vous avancez dans le silence, à la lumière de vos lampes. Votre objectif : Versailles par la ligne C.
- Distance : environ 10 km jusqu’à Meudon.
- Rythme : avec des enfants, comptez 2 km/h (au lieu de 4–6 km/h pour un adulte).
- Pauses : toutes les heures, 10 à 15 minutes. Les enfants doivent participer : marcher devant ou à vos côtés. Adaptez-vous à eux, pas l’inverse.
Dans certaines stations, d’autres personnes auront peut-être trouvé refuge. Gardez le silence, restez invisibles, ne sortez jamais nourriture ou eau devant des inconnus.
Étape 5 : les contraintes physiques et psychologiques
Marcher dans un tunnel et sur une voie ferroviaire n’est pas naturel :
- Les cailloux du ballast blessent les pieds et ralentissent la progression. Préférez marcher sur les traverses ou sur le côté.
- L’obscurité totale est épuisante mentalement. Vos lampes sont vitales.
- L’humidité et le confinement pèsent lourd sur le moral. Maintenez le dialogue avec vos enfants, chantez doucement, encouragez-les.
Cette étape est un condensé de manuel de survie crise : endurance, discrétion, psychologie.
Étape 6 : choisir la sortie
Deux possibilités :
- Sortir à Meudon : plus court, mais vous devez encore traverser une partie de la ville pour atteindre la forêt.
- Continuer jusqu’à Chaville : plus long, mais vous émergez directement en lisière forestière.
La deuxième option est recommandée : la sécurité prime sur la fatigue supplémentaire.
Étape 7 : basculer en milieu périurbain et forestier
Une fois dans les bois, la situation change. Vous n’êtes plus dans la survie immédiate mais dans une logique de résilience.
- Objectif : rejoindre le Parc naturel régional de la Haute Vallée de Chevreuse.
- Distance : environ 30 km.
- Temps de parcours : prévoir deux jours avec des enfants.
L’avancée doit se faire discrètement, de point d’eau en point d’eau.
Étape 8 : gérer eau et nourriture
L’eau devient la ressource prioritaire. Identifiez et sécurisez vos sources :
- Point d’eau évident : le lavoir de la source aux fées, près de l’étang des Roches.
- Filtration : utilisez vos filtres portables et vos pastilles. Ne buvez jamais l’eau brute.
La nourriture issue du kit de survie doit être rationnée. Une fois en zone naturelle, vous pouvez progressivement envisager :
- pêche,
- cueillette,
- chasse légère (si compétence préalable).
Mais souvenez-vous : ces techniques ne s’improvisent pas. Elles doivent être préparées avant la crise.
Avant même d’évacuer vers la zone refuge, vous pouvez préparer des caches de nourriture à l’avance. Compter uniquement sur la chasse, la pêche ou la cueillette est illusoire lorsqu’il s’agit de nourrir toute une famille : partir chasser ou pêcher signifie laisser sa famille seule. En prévision de l’évacuation, il est donc indispensable de stocker des provisions non périssables, facilement accessibles et réparties en plusieurs caches stratégiques dans la zone refuge. Ces réserves permettront à chacun de subsister dès l’arrivée et pendant les premières phases critiques, tout en assurant la sécurité et la cohésion de la famille.
Étape 9 : bivouac et adaptation
Avec 30 km à parcourir, il faudra probablement passer une nuit dehors. D’où l’importance du matériel d’abri et de cuisine dans le sac adulte.
- Abri léger (tarp, tente compacte) pour rester au sec.
- Réchaud portable pour chauffer eau et nourriture.
- Sac de couchage ou couverture renforcée pour éviter l’hypothermie.
La clé est de maintenir un esprit de groupe : protéger les enfants, répartir les tâches, et garder le moral.
Étape 10 : de la fuite à la survie
Une fois dans la forêt, vous êtes hors du piège parisien. Mais le combat continue.
- Construire un camp discret,
- Gérer rationnellement vos ressources,
- Explorer prudemment les environs,
- Rester invisible.
C’est là que votre livret de survie prend toute sa valeur : itinéraires, zones de repli, points d’eau notés à l’avance. La survie n’est plus improvisée mais organisée.
Conclusion
Évacuer Paris avec sa famille depuis le 5ᵉ arrondissement est un défi extrême.
- Phase critique : rejoindre le RER C sans attirer l’attention.
- Phase d’endurance : marcher 10 km dans le souterrain avec enfants et matériel.
- Phase de transition : sortir en zone forestière et parcourir encore 30 km vers Chevreuse.
En tout, 40 km d’épreuve sur deux à trois jours. Seule une préparation sérieuse, un kit survie complet, et une discipline de fer permettent d’y parvenir.
Le manuel de survie enseigne que la survie n’est pas une question de force brute mais d’anticipation et d’adaptation. Le livret de survie que vous aurez rédigé avant la crise sera votre meilleure arme.
Car le jour où Paris s’effondre, il ne restera qu’une question : êtes-vous prêt à en sortir ?
